Arrêté ministeriel du 11 avril

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L’arrêté ministériel du 11 avril 2023 prononce l’exclusion temporaire de fonction de René Chiche pour une durée de trois mois. Il s’agit d’une sanction lourde appartenant au troisième groupe sur une échelle de sanctions réparties en quatre groupes allant du simple blâme à la révocation. Les sanctions des groupes III et IV ne peuvent être prononcées que par le ministre, les sanctions des groupes I et II relevant quant à elles de la compétence du recteur.

A noter : les membres de la commission disciplinaire ont refusé les sanctions du groupe I à l’unanimité et ne sont pas parvenus à se prononcer avec une majorité sur celles du groupe II qui ont été proposées. Ils ont en revanche décidé à l’unanimité que René Chiche devait être sanctionné. Ils ont ainsi confié au ministre le soin de prononcer une sanction plus lourde que celles qui relèvent de la compétence du recteur. (Sur le rôle des représentants du personnel lors de cette commission, cf. le document « Avis du conseil de discipline »)

Comme on peut le constater à la lecture de cet arrêté, il n’est reproché à René Chiche que des tweets ainsi que leur audience et la mention de sa qualité de professeur de philosophie dans certains d’entre eux et sur son profil public. L’administration ne l’a pas sanctionné pour autre chose, notamment pour des propos jugés « inappropriés » qu’il aurait tenus en classe par exemple. Elle eut été bien en peine de le faire puisque René Chiche n’a évidemment jamais tenu de tels propos en classe. Quant à ses propos sur Twitter, nul ne s’en est jamais plaint au sein de son établissement, ni parmi ses élèves, ni parmi les parents d’élève, ni parmi le personnel enseignant ou celui de direction. C’est même en réalité le contraire. Il n’y a donc apparemment que sur Twitter que ses propos ont incommodé une poignée d’individus, dont quelques-uns avaient manifestement le bras assez long pour qu’une procédure disciplinaire soit engagée à son encontre pour un tel motif.

Les 37 tweets cités dans l’arrêté ci-dessous constituent, selon le ministère de l’éducation nationale, « des propos virulents et outranciers » qui « nuisent à l’image et à la réputation du service public de l’éducation nationale [sic] ». Cette affirmation n’est cependant pas étayée. En revanche, il est particulièrement malhonnête de prélever une quarantaine de tweets sur les dix-huit mille que René Chiche a publié sur Twitter, ou même sur les trois cent qui figurent dans les captures d’écran transmises à l’administration par les personnes désireuses de lui nuire, de les isoler de leur contexte de manière à les rendre incompréhensibles et de faire passer à si peu de frais leur auteur pour un « cinglé », selon les mots d’un éphémère chef de cabinet du ministre de l’éducation nationale qui l’a ainsi publiquement qualifié sur Twitter. 

Lors de la commission disciplinaire réunie le 12 décembre 2022, René Chiche avait dénoncé ce procédé malhonnête en ces termes :

« Il s’en faut de beaucoup que vous me fassiez oublier qui je suis, surtout en usant de procédés aussi grossiers que ceux qui consistent à prélever de façon arbitraire une vingtaine de propos que j’aurais tenus sur Twitter parmi les quelques 18 000 que j’y ai publiés depuis que j’y suis inscrit, à les citer sans ordre et parfois sans vraisemblance, en faisant abstraction du contexte, de ce qui suit comme de ce qui précède ainsi que de la personnalité et du style de leur auteur, toutes choses entre autres que l’on apprend précisément à ne pas faire à nos élèves quand on cherche à les instruire un tant soit peu et à leur inculquer les bases de la pensée rigoureuse et de l’honnêteté intellectuelle ! Par un tel procédé, on pourrait faire passer n’importe quel chef d’œuvre de la littérature pour le journal d’un aliéné. Par un tel procédé, on pourrait faire passer un homme de science ou un président de la République pour un idiot ou une crapule. « Je traverse la rue et je vous en trouve, un emploi ! » ; « on met un pognon de dingues dans les minima sociaux et les gens restent pauvre ! » ; « certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas » ; « une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien » ; « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien » ; « les non-vaccinés, j’ai bien envie de les emmerder » ; « on les aura ces connards » : ce sont là des propos tenus par l’actuel président de la République et dont il serait particulièrement malhonnête d’en déduire quoi que ce soit sur leur auteur ni de prétendre que celui-ci porte atteinte à la fonction tant l’usage d’un tel verbatim à cette fin serait contraire aux exigences les plus élémentaires de la critique aussi bien qu’à l’éthique de la discussion. J’ajoute qu’user d’un tel procédé lorsqu’on fait partie de l’éducation nationale, et ce quels que soient le rang et la fonction qu’on y occupe, est particulièrement inconvenant, tout comme n’est pas digne et n’est pas non plus très sérieux le fait de s’en servir contre un professeur dont le métier consiste précisément à former le jugement et l’esprit critique des élèves qu’on lui confie afin qu’ils ne se laissent pas influencer par les premiers charlatans venus. »

René Chiche

Voici l’arrêté ministériel qui exclut temporairement René Chiche de ses fonctions pour une durée de trois mois.