Me voilà exclu de mes fonctions de professeur de philosophie depuis le 21 avril 2023 et pour une durée de trois mois, privé de mes élèves et de mon salaire, en raison de tweets dont l’administration prétend qu’ils « nuisent à l’image et à la réputation du service public de l’éducation nationale [sic] ». Le ministre de l’éducation nationale lui-même les a qualifiés de « propos injurieux, outranciers et complotistes » ! Tout cela est ubuesque et totalement faux. Mon expression publique est en réalité appréciée par de très nombreuses personnes qui estiment que je fais honneur à l’institution. En tant que citoyen mais aussi en tant que professeur de philosophie, j’ai le droit et même le devoir de dire et d’écrire ce que je pense, quitte à déplaire ou à choquer. Quant au « devoir de réserve », il n’est ici invoqué que dans le but de donner à un procès politique l’allure banale d’une simple procédure disciplinaire. Il n’est cependant pas banal qu’un pouvoir régulièrement élu et proclamant du matin au soir son attachement aux valeurs de la République s’en prenne à un professeur de philosophie, lequel se trouve être de surcroît représentant syndical et essayiste. Pourquoi ne pas mettre ses livres à l’index pendant qu’on y est ? Lorsqu’un pouvoir utilise ses prérogatives pour définir ce qu’il faut penser et ce qu’il faut dire, il est sur une pente dangereuse, et nous avec. C’est en tout cas une chose suffisamment inquiétante pour que je décide de porter à la connaissance du public les éléments de « l’affaire René Chiche » qui est aussi, en un sens, l’affaire de tous. – R.C.